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Cette FAQ n'a pas vocation à être exhaustive et à entrer dans tous les détails (d'autres sites le font déjà très bien), mais à donner des réponses synthétiques aux principales question soulevées par le plan de renforcement annoncé le 13 mars 2006 par le ministère de l'écologie.
Au milieu des années 1990, la population d'ours était descendu à 7 individus sur l'ensemble de la chaîne (contre 200 environ au début du XXè siècle). A ce niveau, sans renforcement l'extinction du noyau pyrénéen était inévitable.
La première réponse est que d'autres pays ont une politique active de protection de leurs populations d'ours bruns (ursus arctos), ce qui participe à maintenir cette espèce hors des espèces menacées. La France, pays riche, doit prendre sa part dans cette protection. Il ne faut pas attendre qu'une espèce soit menacée pour la protéger.
La deuxième réponse est qu'au delà du nombre d'individus, le nombre de noyaux distincts de population est également un paramètre important. La perte du noyau pyrénéen serait une perte de biodiversité au sein de l'espèce ursus arctos.
Enfin, la troisième réponse vient du concept d'"espèce parapluie": en protégeant l'ours, on s'oblige à protéger également tout un milieu, ce qui bénéficie indirectement à toute la chaîne écologique de ce milieu.
Tout d'abord il est vrai que la souche pyrénéenne est au bord de l'extinction (3 individus mâles, dont un issu d'un "croisement" avec la souche slovène). Néanmoins elle n'est pas définitivement éteinte, et les gènes des 3 individus encore vivants peuvent se transmettre en cas de reproduction avec une femelle réintroduite (sans jeu de mot :-)).
Si, il s'agit de la même espèce: ursus arctos (l'ours brun). Les différentes populations d'ours bruns ont des caractéristiques qui peuvent être assez variables (tout comme les différentes populations humaines sur le globe ont des caractéristiques parfois assez éloignées les unes des autres), néanmoins les ours slovènes sont génétiquement très proches des ours pyrénéens et ont une morphologie identique (les ours espagnols des Monts Cantabriques sont encore plus proches, mais leur faible population (80 individus tout de même) ne permettait pas d'envisager un prélèvement pour renforcer la population pyrénéenne). Tout aussi important, le milieu dans lequel ils vivent en Slovénie présente de grande similarités avec la forêt pyrénéenne, et les habitudes (alimentaires, comportementales, ...) des deux populations sont comparables. Tout cela (avec d'autres critères, comme l'état sanitaire) a conduit au choix de la Slovénie pour prélever les ours destinés au renforcement pyrénéen.
A rien... Comme la musique, la peinture...
Il est vrai que son utilité dans l'écosystème ne semble pas cruciale (moindre que celle du loup, par exemple). Mais est-ce une raison pour s'en débarrasser ? Parce qu'il ne servent "à rien", faut-il accepter de laisser disparaître des animaux de la grande faune sauvage ? Les tigres, les éléphants, les girafes, les rhinocéros,... la liste serait longue. Serions-nous prêt à un monde sans eux ?
"A quoi sert l'ours ? A rien. Il existe, et c'est déjà beaucoup" (je ne me souviens plus de l'auteur de cette citation, si vous pouvez me le souffler, merci!)
"Il faut sauver les condors non pas tant parce que nous avons besoin d’eux, mais parce que nous avons besoin de développer les qualités humaines pour les sauver ; celles-là mêmes dont nous aurons besoin pour nous sauver nous-mêmes" (Ian Mc Millan)
Comme tout animal sauvage, l'ours brun présente un risque potentiel. Mais pas plus que beaucoup d'autres animaux sauvages que nous côtoyons régulièrement sans crainte particulière.
L'ours brun n'est pas un animal agressif, et chaque fois qu'il le peut il choisit la fuite devant l'homme. Il peut devenir dangereux si exceptionnellement il n'a pas perçu (par l'ouïe ou l'odorat en général) la présence humaine suffisamment tôt et qu'il ne peut pas fuir: soit parce qu'il est acculé, soit parce qu'il s'agit d'une femelle qui veut protéger ses petits. Mais en cela, son comportement ne diffère pas vraiment des autres animaux de nos contrées: un cerf, un sanglier, peuvent être tout aussi dangereux qu'un ours dans les mêmes conditions.
Enfin, depuis qu'il existe des archives fiables dans les Pyrénées (il y environ 150 ans), on n'a répertorié aucun accident mortel avec un ours, y compris donc à des époques où il y avait beaucoup plus d'ours qu'aujourd'hui.
Toutefois, toute personne se rendant dans les zones à ours devrait être informée de l'attitude à adopter en cas de rencontre, comment éviter les rencontres, etc... tout comme elle devrait être informée de l'attitude à adopter en cas de morsure de vipère, de rencontre avec un taureau en estive, etc...
Vaste sujet... Qui est en fait la véritable pierre d'achoppement... Mais on pourrait aussi poser la question dans l'autre sens: le pastoralisme est-il compatible avec l'ours ?
Pour faire court, la réponse est oui. Pour développer, il faudrait une FAQ rien que sur ce sujet. Néanmoins, quelques réflexions:
Alors pourquoi tant de haine de la part de certains éleveurs ? Je pense qu'il faut comprendre que ces éleveurs veulent pouvoir pratiquer de plus en plus un élevage à grande échelle, avec de très gros troupeaux non gardés et divaguant librement dans la montagne, les visitant juste une ou deux fois par semaine. Ce qui n'a plus grand-chose à voir avec le pastoralisme traditionnel, et qui effectivement est difficilement compatible avec l'ours.
Rappelons tout de même que tous les éleveurs ne sont pas opposés à la présence de l'ours, et que certains acceptent de jouer le jeu (notamment au sein de l'Association pour la Cohabitation Pastorale). Rappelons aussi que berger et éleveur sont deux métiers différents, même si certains sont les deux à la fois. La disparition de l'ours dans les Pyrénées entraînerait probablement la disparition des bergers, devenus inutiles.
FAQ maintenue par pehache, mise à jour le 5 mai 2006.
Reproduction librement autorisée, à condition de n'apporter aucune modification au texte ci-dessus et de citer la source. Si vous avez des ajouts ou des corrections à suggérer, n'hésitez pas à me contacter.
L'association Pays de l'Ours-ADET, qui travaille sur le programme de renforcement.
Le site du ministère de l'écologie consacré à l'ours et au programme de renforcement.
Si vous vous intéressez un peu à ce qui passe dans les vallées du Béarn, à la protection de l'ours des Pyrénées, au célèbre député chanteur Jean Lassalle (dit "la Castafiore du Béarn"), aux disfonctionnements et échecs de l'IPHB (Institution Patrimoniale du Haut Béarn), alors n'hésitez pas: ce site sur l'IPHB est fait pour vous!
L'association FERUS, sur les grands prédateurs en France.